Plusieurs marchands de légumes, de produits cosmétiques ou autres se sont convertis du jour au lendemain en lunettiers sans avoir ni le diplôme ni même l’autorisation.
Ces gens-là ne mesurent ni l’écart pupillaire ni la hauteur de la pupille au bas du cadre de la monture afin d’optimiser le confort visuel du porteur, ce qui est un acte nécessaire.
“Les gens viennent souvent nous voir pour les verres progressifs parce qu’ils ont besoin d’une grande technique, mais ils pensent que n’importe qui peut monter les verres unifocaux. C’est complètement faux. N’importe qui peut les monter, reste à savoir si c’est bien ou mal fait. Ce n’est pas pour rien que nous faisons des études supérieures“, insistent les opticiens.
Conséquence ? Le marché marocain des lunettes est fortement plombé par les produits d’entrée de gamme. Les opticiens qui pratiquent légalement souffrent énormément d’une concurrence déloyale de la part des circuits informels, relève le Syndicat. Comme dans plusieurs villes marocaines, le marché de l’optique de Tanger souffre énormément de l’informel, et la pandémie de la Covid-19 n’a pas arrangé les choses. “Avec la fermeture des frontières, les boutiquiers qui s’approvisionnaient de la ville de Sebta ont dû changer de domaine. Chaque semaine, un magasin de lunettes voit le jour et propose librement ses services aux citoyens“, relatent les opticiens.
Selon les professionnels, l’informel représenterait quelque 60% du secteur de l’optique contre 40% seulement pour le formel. Ces pourcentages appuyés par la fermeture de plus en plus de magasins d’optiques “en installation légale“, par le licenciement d’une partie de leur personnel et par l’abondance des ouvertures hebdomadaires des “échoppes de lunettes” à l’intérieur de Casabarata ( Tanger ) , Derb ghallaf ( Casablanca )…….
Nous mourons à petit feu, car nous sommes confrontés à une concurrence déloyale. Mais hormis le manque à gagner, c’est la santé du citoyen adulte et enfant qui est en jeu. Vendre des lunettes aux gens se veut d’abord et après tout, de les soigner. C’est une profession et pas un business“, conclut le Syndicat.
Le secteur de l’optique au Maroc , qui joue un rôle crucial au sein de la filière de la santé visuelle, souffre aussi d’une rareté aveuglante d’informations exactes et de statistiques récentes concernant le chiffre d’affaires, les prix, le nombre des opticiens et fournisseurs agréés…etc.
« Ce problème a été presque résolu en matière des verres optiques », a fait savoir le président de l’AMFO, notant que l’importation des verres, considérés désormais en tant que dispositifs médicaux, est soumise depuis deux ans à une procédure administrative et à des conditions strictes du ministère de la Santé.
En effet, les importateurs verriers sont obligés de présenter un dossier complet auprès du ministère, a-t-il dit, mais « malheureusement cette procédure peut prendre des mois pour validation », ce qui peut pénaliser les opticiens qui, en attendant l’autorisation d’importation, pourraient supporter des charges supplémentaires avant de commencer leur activité.
Malgré l’informel, les opticiens travaillent et continuent à militer pour l’instauration d’un ordre professionnel des opticiens.
Selon le résultat d’une étude publiée par Bank Al-Maghrib en 2021, le secteur informel au Maroc représente environ 30% du PIB.
Économie informelle, économie clandestine, économie souterraine, économie noire… plusieurs termes qualifient l’économie parallèle émanant du secteur informel.
Rappelons Loi n° 45-13 du 26.08.2019 (B.O no 6807) relative à l’exercice des professions de rééducation, de réadaptation et de réhabilitation fonctionnelle. Cette nouvelle loi réglemente l’exercice des professions de :
– kinésithérapeute
– opticien lunetier
– orthoprothésiste
– audioprothésiste
– orthoptiste
– orthophoniste
– psychomotricien
– pédicure-podologue
Un pas vers une structure du marché de l’optique au Maroc.
Ne pas oublier de consulter le dernier article sur l’optique au Maroc (2023):