Le terme optométrie vient des mots grecs ὄψις (opsis; « vue ») et μέτρον (metron ; « quelque chose servant à mesurer », « mesure », « règle »). La racine du mot opto, est une forme abrégée dérivée du mot grec ophthalmos signifiant « l’œil ». Selon la définition du World Council of Optometry, la seule définition internationale existante, les optométristes sont : « Les professionnels de santé de l’œil et du système visuel qui assurent un service oculaire et visuel complet, qui inclut la réfraction et la fourniture des équipements optiques, la détection/diagnostic, le suivi des maladies oculaires et la réhabilitation du système visuel. » La réglementation de l’optométrie est variable d’un pays à l’autre. Certains pays la reconnaissent et d’autres non. Afrique: Pas d’info Amérique du Nord: Aux États-Unis et au Canada, les optométristes ont une formation de docteurs en optométrie d’une durée de 5 ans3,4,5,6,7,8et sont tenus à des normes légales comme les médecins9,10 mais ils ne sont pas des médecins. Amérique du Sud: Pas d’info Asie: Pas d’info L’optometrie est reconnue en Chine depuis 1992, sous l’impulsion de l’Université de Médecine de Wenzhou. Son exercice est calqué sur la conception anglo-saxonne, avec les optométristes en première ligne dans la filière de la santé visuelle. Océanie: En Australie et en Nouvelle-Zélande, l’optométrie est reconnue. Il existe 5 universités en Australie, et 1 en Nouvelle-Zélande permettant d’obtenir le titre d’optométriste. Près de 5000 professionels pratiquent dans des cabinets d’optométrie et en magasin. 11 Europe: Les pays peuvent être classés en 3 catégories : optométrie reconnue et remboursée, optométrie reconnue non remboursée, optométrie non reconnue12. Optométrie reconnue et remboursée Irlande Norvège Pays-Bas Royaume-Uni Au Royaume-Uni, l’optométriste est le professionnel de première ligne dans la filière visuelle. Cela peut toutefois être en partie expliqué par le manque de médecins ophtalmologistes : « il existe environ 5 000 ophtalmologistes en France, contre 750 au Royaume-Uni13. » La population des deux pays est pourtant quasi identique. Suisse En Suisse, l’optométriste peut travailler en cabinet à son compte ou en clinique (avec un ophtalmologue), mais aussi au sein d’un magasin. Il reste en étroite collaboration avec le médecin. Il pratique aussi bien les lentilles, la réfraction, que la rééducation. Optométrie reconnue non remboursée Chypre Danemark Espagne En Espagne, l’optométrie est faite seulement par des ophtalmologues Estonie Hongrie Malte République tchèque Roumanie Optométrie non reconnue Allemagne En Allemagne, l’optométrie est pratiquée par les ophtalmologistes et des opticiens formés et certifiés. Belgique En Belgique, l’optométrie ne bénéficie d’aucun cadre spécifique. Les optométristes sont donc considérés comme des opticiens. Un grand nombre s’affichent comme optométriste. France Statut inexistant En France, l’optométrie ne bénéficie pas d’un cadre spécifique dans le Code de la santé publique. Actuellement, l’optométrie est pratiquée sans reconnaissance en France dans le cadre de la profession d’opticien-lunetierpour ce qui est de l’adaptation en lentilles de contact (qui est un acte médical et du domaine exclusif des médecins compétents en ophtalmologie, voir ci-dessous) mais pour le reste, rien n’autorise la pratique de cette profession spécifique et différente de celle d’opticien ou d’orthoptiste, l’entraînement visuo-moteur étant du domaine de compétence exclusif des orthoptistes, au même titre que l’étude de la vision binoculaire et la pratique d’examen complémentaires en ophtalmologie (Champs visuel, imagerie). Création d’un statut En 2011 la France a adhéré à l’ECOO (European Concil of Optometry and Optics). Cet organisme œuvre pour une harmonisation de l’enseignement et de la pratique professionnelle de l’optométrie à l’échelle européenne. En 2011, le nombre d’optométristes présents sur le territoire français est d’environ 3 000 Propositions de loi À ce jour, deux propositions de lois d’inscription de l’optométrie dans le code de la santé publique existent mais n’ont pour l’instant pas eu de suite : le député Élie Aboud (médecin cardiologue) prend modèle sur nos voisins européens et propose que l’optométriste puisse prescrire lunettes et lentilles de contact. Texte présenté en juillet 2009 à l’Assemblée nationale mais resté sans suite. la sénatrice Jacqueline Panis (ancienne sénatrice de Meurthe-et-Moselle) propose au Sénat, en juin 2010, que l’optométrie soit pratiquée en France en harmonie avec la définition du WCO. La proposition est restée sans suite. Une proposition de loi sera devrait être déposée en 2013 par le député Gérard Bapt visant à reconnaitre l’optométrie en France Positions ministérielles Le Ministère de la santé a rappelé en 2009 que « dans le cadre actuel de l’organisation des soins en France, la reconnaissance des optométristes n’est pas envisagée dans l’immédiat. » Le 13 décembre 2012, Marisol Touraine, ministre de la Santé, lance le Pacte Territoire-Santé composé de 12 engagements pour lutter contre les déserts médicaux. L’engagement 8 concerne l’accélération des transferts de compétences. Le 14 décembre 2012, répondant aux questions de Jean-Jacques Bourdin sur BFM TV, Marisol Touraine, s’exprime sur cet engagement 8. Elle déclare notamment : « Aujourd’hui tout le monde vous dit que pour avoir rendez-vous chez un ophtalmo par exemple c’est six mois – huit mois – neuf mois. Si on définit clairement quelles sont les tâches que seul le médecin ophtalmo peut faire et qu’on transfère aux orthoptistes (et non pas aux optométristes) d’autres actes et bien on soulagera d’autant les carnets de rendez-vous des médecins20. » Polémique La potentielle reconnaissance de la profession d’optométriste en France ne fait pas l’unanimité. Par exemple, le Syndicat national des ophtalmologistes de France y oppose les arguments suivants21 : l’optométriste acquiert la possibilité d’un cumul « prescription – vente », état totalement inédit en France, où jusqu’à ce jour, la distinction a toujours été respectée : médecin – pharmacien ; ophtalmologiste – opticien ; le patient risque d’être trompé par le positionnement de cette nouvelle profession, à mi chemin entre le « docteur » et le « technicien ». Il pourra se sentir rassuré, ou au contraire inquiet par les dires de ces examinateurs non médicaux. Il en résultera un surplus d’activité des ophtalmologistes qui seront dans l’obligation de dépister les faux négatifs ou les faux positifs induits. Cela pourra conduire à des retards de diagnostic, des notions de pertes de chance pour ces patients mal informés. Cela induira enfin un surcoût manifeste au niveau des dépenses de santé et un risque pour la santé publique ; les exemples, venant de l’étranger, n’encouragent pas à favoriser la présence des optométristes sur le sol français : prolifération anarchique de leur installation (pas d’Ordre régulant ces installations ou les anomalies résultantes) ;